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Crèches et apprentissage de la vie en collectivité

Un des rôles de la crèche est l’apprentissage de la vie en collectivité.

Socialiser est défini ainsi : « Adapter un individu aux exigences de la vie sociale » (Larousse) ou « Susciter ou développer les rapports sociaux entre individus » (Le Robert).

Une autre définition nous paraît très juste : « Prendre en compte l’autre, sans renoncer à être soi ». (Miriam Rasse, « Professionnels, accompagner la socialisation en soutenant l’individualisation », lesprosdelapetiteenfance.fr)

Pour la majorité des Français, le rôle premier de la crèche est d’apprendre aux tout-petits la vie en collectivité.

Selon un sondage BVA (15 au 17 janvier 2019), les parents qui choisissent, parmi les modes de garde existants, d’inscrire leur enfant à la crèche le font principalement pour : l’apprentissage de la vie en
collectivité, les tarifs et la qualification des professionnel.le.s

Prendre conscience de soi et de l’autre

Pour reconnaître l’autre comme différent de soi, il faut déjà pouvoir prendre conscience de soi, de sa différence, pour pouvoir ensuite prendre conscience de l’autre.

Pour accompagner un enfant sur le chemin de la socialisation, il convient donc l’aider à se connaître, à se différencier. En mettant en mots sur ce qu’il ressent notamment : « Tu as sommeil » « Tu es content de…» « Tu es en colère parce que… ».

Prenons exemple sur le conflit si fréquemment rencontré : vouloir le jouet de l’autre. L’adulte encadrant peut mettre en parallèle l’individualité de chacun :

 « Tu as envie de jouer avec cet objet que tient Nathan. » (reconnaître son envie)

« Nathan n’a pas envie de te le donner maintenant. » (différencier l’envie du camarade)

L’auxiliaire de la petite enfance rappelle alors la règle « on n’arrache pas le jouet des mains du copain », et propose une solution pour favoriser la vie en collectivité dans laquelle le désir de chacun a été entendu : attendre que le camarade ait terminé, choisir un autre jouet semblable…ou proposer de troquer son jouet contre celui convoité.

Laisser le choix aux enfants dans un cadre défini, c’est aussi une autre manière de leur permet de se sentir exister (choisir entre plusieurs propositions d’activités par exemple).

« C’est en faisant l’expérience d’être écouté, considéré, pris en compte que l’enfant va pouvoir écouter, considérer et prendre en compte l’autre ». (Miriam Rasse)

Apprendre à attendre

De 6 à 15 mois, quand bébé peut enfin se déplacer seul, il peut aller vers ce qu’il voit pour s’en accaparer.

Et si un autre bébé est sur son chemin, il peut lui passer dessus, toute son attention allant vers l’objet convoité. Il ne veut pas attendre, c’est « tout, tout de suite ».

Les adultes vont donc lui apprendre à attendre. En répétant, constamment, qu’il faut attendre son tour. Freud parle du « principe de réalité », qui se dissocie du « principe de plaisir » : le tout-petit va devoir apprendre à différer ses sources de plaisir.

Il veut un jouer ? Il faut attendre son tour, que le camarade ait terminé.

Ils apprennent à gérer leurs désirs et leurs frustrations, dans un jeu comme le toboggan ou tunnel, en l’expérimentant eux-mêmes : « Chacun son tour », cela se passe mieux pour tous. L’enfant n’aura son tour qu’en laissant passer son camarade, et son camarade devra le laisser passer lorsque ce sera « son tour ».

Apprendre à communiquer

Jusqu’à environ un an et demi, les enfants ne jouent pas ensemble, mais plutôt les uns à côté des autres, chacun dans son monde.

Lorsqu’un petit voit dans les mains d’un autre un jouet qu’il convoite, encore une fois, son objectif est de satisfaire son envie de s’en accaparer, quels que soient les moyens : quitte à mordre, griffer.

Les auxiliaires de la petite enfance accompagnent les petits de manière préventive (inutile d’en arriver aux coups), et pour leur apprendre à communiquer.

C’est pourquoi travailler le langage est indispensable. Dans les jeux avec des figurines ou marionnettes, l’adulte mettre en scène un conflit. Il verbalise ce que ressentent les personnages et propose des comportements adaptés.

C’est également pendant les jeux d’imitation de la vie quotidienne, et en ateliers de petits groupes, que les adultes peuvent accompagner les interactions entre les enfants.

Apprendre à gérer l’agressivité

L’agressivité est une émotion que nous pouvons tous ressentir, elle est normale chez les enfants aussi, qui comme nous, doivent apprendre à la gérer.

En l’exprimant, dans des cas précis, comme par exemple :

       Dans le cadre du jeu (avec des figurines, ils peuvent mettre en scène des combats.) : dans le jeu, c’est permis, mais avec les autres enfants, elle se règle en parlant ou avec l’aide d’un adulte.

        Dans des ateliers de démolition, avec une règle à respecter : l’enfant n’a le droit de détruire que ce qu’il a lui-même construit.

Instaurer des règles et des cadres pour permettre d’exprimer son agressivité. Avoir le droit d’être agressif dans des cadres limités permet de comprendre qu’on ne peut pas l’être en dehors de ceux-ci.

Ainsi, comme nous l’avons vu, mettre ensemble des bambins ne suffirait pas pour qu’ils socialisent, ils ont besoin de l’accompagnement des adultes.

Les professionnel.le.s des crèches, formées pour accompagner les tout-petits, ont un rôle majeur dans l’apprentissage de la vie en collectivité.

Dans les micro-crèches inclusives Les p’tits Babadins, les enfants avec et sans troubles du neuro-développement sont accompagnés pour apprendre à grandir ensemble.

Source : Les pro de la petite enfance

Lire notre article sur la pédagogie Montessori en crèche

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